Sur scène, un homme et une femme explorent un monument de la littérature mondiale – « À la Recherche du temps perdu » de Marcel Proust – et partagent ce qu’ils y trouvent qui a trait au théâtre. Lui, toujours extérieur, toujours Narrateur, toujours spectateur : fasciné d’abord par l’Actrice, puis à travers elle par la représentation, le lieu du théâtre, le jeu social qui l’entoure. Elle, éternelle et unique Actrice, mais aussi dédoublée entre deux actrices concurrentes qu’opposent leurs carrières, mais aussi leur conception du théâtre, et leur vision de ce qu’est « le jeu », entre incarnation et distanciation, entre mimésis et modernité.
Dans la recherche de ces deux corps, flanqués d’autres corps postiches – ombres, projections ou mannequins – et du corps collectif du public présent, se révèle peu à peu, non seulement ce qui nous fascine au théâtre, mais aussi ce qui nourrit plus généralement notre « empathie », ce mouvement de l’âme qui nous met à la place de l’autre. Car c’est bien ce moteur fondamental de notre humanité que cultivent les acteurs dans leur travail, et que nous activons comme spectateurs pour les regarder.
Où en êtes-vous de votre parcours artistique ?
J’ai un long parcours d’auteur, de metteur en scène, de dramaturge, et de performeur, puisque j’ai commencé dans les années 1980. Ce parcours se déroule en parallèle d’un parcours de curateur, organisateur, éditeur, et aussi de critique et enseignant en écoles d’art. Ces pratiques qui toutes ont à voir avec l’art nourrissent la pratique artistique proprement dite. Si je continue à collaborer presque chaque année avec d’autres chorégraphes et metteurs en scènes, je ne fais pour ma part pas de création scénique personnelle tous les ans. Je préfère travailler lentement, en approfondissant. Mon dernier spectacle, « Clinique d’un roi » (2014) avait réclamé deux ans de répétitions et de développement scénographique et multimédia, sans compter le temps d’écriture (dix ans plus tôt) et des versions performatives entretemps. Je m’engage à présent avec « La Berma… » dans un autre projet de longue haleine.
Résider aux Doms, pour trouver quoi ?
Le début.
L’art au quotidien, c’est comment ?
Toujours trop de travail, jamais assez d’argent, et surtout pas assez de temps pour tout faire. Je voudrais plusieurs vies, mais tout de suite !