Ce spectacle est né à la suite d’entretiens entre la créatrice et des artistes occidentaux d’âges différents ayant vécu quelques mois en Israël ou en Palestine, à différentes époques. Confronter ces entretiens à des extraits de pièces de théâtre historiques en arabe traitant des mêmes événements mais dans une perspective qui ne soit pas européaniste. Démêler puis refaire le nœud de “ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là” exige de la patience. Nœud gros de plus de cent ans. Éviter les mots qui provoquent les réactions violentes, rayer les sarcasmes, débusquer les termes qui découragent, qui tendent au lieu de délier.
Décris-Ravage retrace l’histoire des retrouvailles, à partir de 1799, entre l’Occident et un territoire peuplé aux enjeux imaginaires infiniment grands, Israël / Palestine / Terre Sainte. Entre théâtre documentaire et conférence inattendue, mêlant sources historiques, témoignages, œuvres de dramaturges arabes, Adeline Rosenstein y décrit autant deux-cents ans d’Histoire palestinienne que les liens anciens entre l’Europe et cette partie du monde arabe. Rappelant une histoire en grande partie méconnue. Décris-Ravage ausculte ainsi à la fois une situation donnée et les manières de transmettre l’histoire, déjouant les simplismes partisans et reliant à nouveau inventivité et lucidité contre l’hystérie et le passé réifié, mis au service de la violence.