Et vivre était sublime



Trois femmes en prison (une gardienne, deux détenues) découvrent à la lecture de « Belle du Seigneur » qu’elles ont « une histoire avec l’amour » qui dépasse largement les limites de leur raison propre. Ainée d’une fratrie de six enfants habitué·e·s aux grands espaces des belles demeures et aux béatitudes de la messe du dimanche, brillante étudiante en Hypokhâgne, Gentiane Aimery de Pâmefoudre va fêter ses 19 ans en prison.

Son groupe d’amis du parti révolutionnaire bolchevik a été dissout par la police antiterroriste.

Gentiane doit désormais survivre face à une détenue du surnom de Nono, diminutif de Nausicaa, son nom d’ancienne prostituée de luxe, qui entame sa cinquième année derrière les barreaux.

Au cours d’une échauffourée en cellule la gardienne Laura Deume laisse échapper dans la bataille son unique exemplaire de l’ouvrage d’Albert Cohen, « Belle du Seigneur ».

Nono restée seule dans sa cellule avec ce livre entame une lecture fondatrice d’une liberté nouvelle. Fascinée par ces héros qui « aiment pour rien », bouleversée par le vocabulaire multicolore et chatoyant des cocasses personnages du roman, dépassée par leur vaine soif de complétude et intriguée par cette curieuse quête d’absolu dans l’amour, Nono sent qu’elle vit à présent une histoire « avec l’amour » qui diffère et rejoue toutes celles qu’elle a vécu jusque-là. Au retour de Gentiane dans la cellule, elle craque et lui confie ses nouveaux tourments ; jusqu’à l’irruption de Laura, la gardienne, furieuse qu’on l’ait dépossédée de l’ouvrage qui donnait un sens à sa vie de mère célibataire. Les deux prisonnières vont devoir faire corps et constater, à la clandestine lecture de l’ouvrage, combien l’enfermement est d’abord une question de choix.

En savoir +

On n’adapte pas Cohen au théâtre, et surtout pas « Belle du Seigneur » : c’est ce que tout le monde m’a dit.

« Cohen se lit, se dévore, se goûte, se dit éventuellement mais ne se transpose pas au théâtre. »
Trop de pensées, de styles. Trop de personnages, de pesanteurs également. « Trop de tout, disait-on de Cohen quand ses livres ont paru. »

Pour moi, « Belle du Seigneur » est théâtral par excellence. La lenteur de certaines scènes s’adapte au cadre scénique et contraste avec des rebondissements ciselés.

Et c’est à l’intérieur que se révèle la force de Cohen. C’est aussi un propos que beaucoup de gens m’ont dit : Belle du Seigneur a bouleversé leur âme. C’est donc ce bouleversement intérieur que je veux porter sur une scène de théâtre.

Revue de Presse

Distribution

Adaptation, musique & mise en scène : Seb Lanz
Jeu : Marie Bernard, Juliette Jouniaux, Héléna Vautrin
Régie : Marie Vuylsteker
Scénographie : Artefact
Cascades & combats : Virginie Arnaud
Regards extérieurs : Robin Peroni, Marion Bajot, Fred Guittet, Régis Rossotto
D’après « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen, éditions Gallimard
Production : Cie DDCM - La Vie Moderne

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