Le théâtre comme tribune pour soulever les questions d’exclusion et d’appartenance.
Une voiture piégée a explosé semant l’inquiétude. Sans doute un acte terroriste. Amor, jeune homme issu de l’immigration, marche dans la ville. Quelle attitude adopter quand on ressemble comme un frère à ceux qui…? Le téléphone sonne, ses proches s’inquiètent eux aussi, ils connaissent ses angoisses, ses colères, ce grondement apeuré au fond de lui. Et Amor marche encore, cours, tremble, erre, doute, sous le regard des passants. Est-il réellement observé, traqué? Il s’inquiète de la suspicion, il se méfie de la méfiance, il a peur de son ombre.
Après les attentats de Stockholm en 2010, Jonas Hassen Khemiri publie une tribune intitulée J’appelle mes frères dans un grand quotidien suédois et le transforme en texte de théâtre. En 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, il ré-écrit cette même tribune dans Libération.
L’écriture engagée de Khemiri ramène un questionnement de société (l’immigration, l’intégration) à sa réalité intime (une crise identitaire) et la déploie sans résolution, assumant un personnage central complexe et ambigu. C’est un spectacle dense et vif, qui avance au rythme d’Amor, tonique, déboussolé, hésitant. Il y a du stand up dans le rapport d’Amor au public auquel il se raconte. C’est rythmique, percussif et urbain.
Ce projet participatif mêle aux quatre comédiens un groupe d’amateurs de tous âges, toutes origines et tous milieux, des citoyens sur le plateau, une société.
Dernière ligne droite pour la Cie du Rouhault dans la création de ce spectacle. La première aura lieu en janvier 2018 à la Comédie de Béthune, centre dramatique national des Hauts-de-France et la tournée s’annonce déjà belle. Mais avant, halte pour cette équipe, dans le cocon des Doms pour un travail de répétitions du corps et du texte.