Sur scène, un homme et une femme explorent un monument de la littérature mondiale – « À la Recherche du temps perdu » de Marcel Proust – et partagent ce qu’ils y trouvent qui a trait au théâtre. Lui, toujours extérieur, toujours Narrateur, toujours spectateur : fasciné d’abord par l’Actrice, puis à travers elle par la représentation, le lieu du théâtre, le jeu social qui l’entoure. Elle, éternelle et unique Actrice, mais aussi dédoublée entre deux actrices concurrentes qu’opposent leurs carrières, mais aussi leur conception du théâtre, et leur vision de ce qu’est « le jeu », entre incarnation et distanciation, entre mimésis et modernité.
Dans la recherche de ces deux corps, flanqués d’autres corps postiches – ombres, projections ou mannequins – et du corps collectif du public présent, se révèle peu à peu, non seulement ce qui nous fascine au théâtre, mais aussi ce qui nourrit plus généralement notre « empathie », ce mouvement de l’âme qui nous met à la place de l’autre. Car c’est bien ce moteur fondamental de notre humanité que cultivent les acteurs dans leur travail, et que nous activons comme spectateurs pour les regarder.