Celine Chariot

Marche Salope

Marche Salope

« Si vous voulez éviter de vous faire violer, il faut éviter de s’habiller comme une salope. » : telle est la déclaration ravageuse d’un policier canadien en 2011 dont a découlé la marche de protestation SlutWalk ou «Marche des salopes». C’est le point de départ du spectacle de Celine Chariot. Un spectacle sonore et documentaire, comme acte de résistance poétique.

Une femme, sans un mot, déplace des objets qui petit à petit font sens et donnent à sentir et penser la mémoire traumatique. Elle déploie sur la scène avec son talent de femme des arts plastiques et de la photographie, des signifiés et des signifiants soulignés parfois par une voix off, comme un dialogue dans l’esprit d’une victime, rendu audible.

Il est question de la mémoire traumatique de victime de viol. Un évènement personnel dévastateur que vivent de nombreuses femmes qui un jour se réveillent d’une torpeur protectrice, pour réaliser de quelles atrocités elles ont été les victimes. Il est question de résurgence et de parcours mémoriel, de réparation aussi, tout cela, évoqué par la présence d’une femme artiste armée de mots et d’images, jouant une partition aux limites de l’installation plastique et de la performance théâtrale.

Ceci n’est pas un corps ou Marche Salope! (titres provisoires)

Ceci n’est pas un corps ou Marche Salope! (titres provisoires)

Rêver d’une poésie vivante pour agir par le sensible contre la violence, d’une action réelle qui puisse déplacer les lignes, faire basculer le plan, faire osciller la norme.
Rêver de parler pour ouvrir les débats.
Rêver de ne pas céder à l’anesthésie de notre société, créer des connexions vivantes, concrètes et radicales.
«On ne naît pas femme, on le devient.» Simone de Beauvoir
En 2011, à Toronto, un officier de police a dit que pour éviter d’être violée, il faut éviter de «s’habiller comme une salope». De là, est arrivé le slogan, dans les marches de protestation féministe, «SlutWalk», «Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas violer».
Car il est toujours commun et ordinaire de penser que ce n’est pas au violeur de ne pas violer, mais à la victime de tout faire pour ne pas l’être.
Comment en sommes-nous arrivé·e·s à regarder une femme en plein orgasme alors qu’elle se lave les cheveux?
Hypersexualisation, invisibilité féminine, patriarcat, sexisme, stéréotypes de genre, conventions sociales… La liste est longue.
Et si nous décidions de désobéir car il n’est plus possible d’obéir.
«Quand on explique aux enfants: «Le masculin l’emporte sur le féminin.», ce n’est pas seulement une règle de grammaire, c’est une règle sociale qu’on leur apprend.».
Éliane Viennot