L’autrice Sandrine Roche invite nos oreilles à se fabriquer des images.
De son voyage en Guinée, des laboratoires et des chantiers qu’elle a menés avec le metteur en scène camerounais Martin Ambara autour de son texte Feutrine, elle nous propose – plutôt qu’une lecture – un témoignage sonore.
Belle entrée en matière dans son univers des mots.
Feutrine se présente sous la forme d’un conte cruel, celui d’une famille soucieuse de construire, selon un mode de pensée mathématico-cynique, un monde «chaleureux et apaisant» dans lequel la circulation des sujets et des biens est soumise au contrôle bienveillant de ceux qui la domine.
L’histoire prend place dans un lieu unique, une sorte de ville nouvelle en construction dans laquelle l’ascension vers le 5ème et dernier étage d’un immeuble est devenu synonyme de réussite. En contrepoint à cette ascension sociale, une des filles de la famille, celle «qui ne leur ressemble pas», creuse lentement de ses mains une galerie souterraine pour échapper – «par en dessous» – à la normalité obligatoire dans laquelle on tente de l’enfermer.
Allégorie politique, Feutrine est avant tout une fable, un objet littéraire qui se veut aussi une réflexion sur la liberté créatrice actuelle.